Kalimera !
(semaine du 8 au 15 octobre 2018)
Alexandroupolis et la mer Egée
Nous avons laissé la belle Istanbul et ses contrastes pour mettre le cap sur la Grèce. Nous franchissons la frontière à Ipsala aux environs de 16 heures. Le soleil se couchant vers 18h30, nous n’avons que peu de temps pour trouver un lieu de bivouac. Après 45 kilomètres, nous voici en Macédoine orientale à Alexandroupolis où nous trouvons un petit chemin dans une pinède abritée, idéale pour planter la tente.
Au matin, nous reprenons la route et décidons de longer la côte Égéenne. Chemin faisant, mon œil de passagère est attiré par des champs ou plutôt par les arbustes qui y sont cultivés : ne serait-ce pas du coton ? Mais oui ! De jolis petits cocons blancs à perte de vue !
Après une bonne heure et demie de route, courbatures et autres coups de fatigue se font ressentir. Nous nous accordons donc une pause dans la très attrayante ville de Kavala. Cette ancienne capitale du tabac, véritable carrefour entre Orient et Occident mériterait une visite complète. Faute de temps vu l’heure avancée de la journée, nous nous contenterons de quelques clichés de la citadelle pris depuis le port.
Une heure plus tard, nous voilà repartis en quête d’un nouveau spot de bivouac. Cette fois, nous aimerions camper au bord de la mer. Nous avons parcouru près de 400 kilomètres et il est grand temps de nous arrêter. Nous entrons dans un chemin bordé d’oliviers et de figuiers qui mène à la plage en contrebas. Là, nous demandons à un autochtone si l’endroit est propice au camping à l’abri des regards. Et heureusement ! Nous avons bien failli passer la nuit sur une plage signalée « FKK », autrement réservée aux amateurs de naturisme ! Fait amusant, c’est en allemand que ledit autochtone m’indique deux autres coins à l’abri des regards. En effet, la crise économique a contraint de nombreux Grecs à s’expatrier et bon nombre d’entre eux ont passé plusieurs années dans de grandes entreprises allemandes.
Après une belle nuit étoilée au son des vagues, nous replions la tente en direction de Thessalonique.
Thessalonique
Après quelques bouchons, nous entrons dans le centre-ville de Thessalonique.
Avec 1 million d’habitants, c’est la deuxième ville de Grèce après Athènes. D’après mes lectures, c’est aussi la capitale culturelle dont le centre concentre quelques vestiges antiques intéressants. Voyons cela.
Nous nous garons sur le front de mer où nous attachons nos affaires à notre monture à l’aide afin de nous restaurer. Une moussaka et 20 euros plus tard, nous décidons de faire une petite balade à la découverte des monuments alentours. Bien que nos vêtements moto lourds et chauds soient peu adaptés au tourisme, nous explorons tour à tour les ruines de la place Navarinou : on essaie d’imaginer la splendeur du gigantesque palais que s’était fait construire l’empereur Galère (ou césar de Dioclétien), puis on découvre la place Aristotelou et l’Arc de Galère. Enfin, nous sommes subjugués par l’impressionnante Rotunda, église du 4e siècle, l’une des plus vieilles de la ville. Nous retournons à notre point de stationnement et terminons notre courte visite par la tour blanche, symbole du règne du sultan Soliman le magnifique, (1520-1566). Si la tour a servi de fort, de caserne et même de prison par le passé, c’est aujourd’hui un musée.
La recherche d’un nouveau lieu de camping s’avère compliquée. Ce que nous pensions être un parc naturel au sud de Thessalonique s’est transformé en d’immenses étendues cultivées, de la monoculture intensive de blé ! Quelle horreur ! Après près de 5 kilomètres de piste, nous arrivons enfin sur une zone qui rappelle l’île d’Oléron et ses cabanes de pêcheurs alignées les unes à côté des autres. La nuit est déjà tombée et ce que nous distinguons n’est décidément pas propice au bivouac. Nous rebroussons chemin et nous résignons à réserver une chambre chez un hôte des environs. Nous trouvons un studio entier pour 30€ à Véroia, situé à 45 kilomètres de notre position et à seulement 20 km de notre premier rendez-vous viticole du lendemain.
Une fois sur place, notre hôte, Maria, nous attend sur le seuil de la porte et nous aide à décharger la moto. Elle parle très bien anglais et avant de nous laisser l’appartement, veille à ce que nous ne manquions de rien.
Nous nous écroulons de fatigue après cette journée bien chargée.
Le lendemain, nous nous rendons au domaine viticole Dalamara pour une découverte des rares vins biologiques grecs.
En effet, d’après mes recherches, les vins bios semblent encore (trop) marginaux en Grèce. Nous avons donc une liste asse mince de viticulteurs à rencontrer. Soit, le reste du temps sera consacré à découvrir la nature et les monuments de ce pays à l’histoire si riche qu’est la Grèce.
Tradition familiale et régionale
Kostis Dalamara est la 6e génération de vignerons du domaine. Les premières vignes ont été acquises par sa famille en 1840. Photos et documents trônent sur le mur de la salle de dégustation en témoignage du glorieux passé de Naoussa, mentionnée dès 1727 en tant que ville importante pour le commerce du vin. Début 19e, le Français Cousineri compare même les vins de Naoussa à ceux de Bourgogne ! Cette visite commence sous les meilleurs auspices !
Après cette page d’histoire, Kostis nous propose une promenade dans les vignes. Ses parents et lui possèdent 7 hectares, certifiés en bio. Vallons, arbres fruitiers en tout genre, nous en prenons plein les yeux. Le terroir est majoritairement argilo-calcaire composé de travertin, une roche sédimentaire que l’on retrouve partout dans la région.
À notre retour, tout le monde s’affaire autour de l’alambic : lon assiste en direct à la préparation du Tsipouro, eau-de-vie de marc qui peut atteindre 70º d’alcool !
Kostis et sa compagne Maria nous ont gentiment permis de camper dans leur jardin. Nous décidons donc de consacrer la soirée à la dégustation et d’aller manger un morceau en attendant. Sur ses recommandations, nous allons déjeuner (ou plutôt devrais-je dire « goûter » puisqu’il est 16h quand nous nous mettons à table !) au restaurant Oinomageiremata* (fastoche hein ?). À notre arrivée, on nous réserve un accueil très chaleureux, là encore dans un anglais impeccable. Les plats sont typiquement grecs et tous faits maison, de quoi nous revigorer ! Le restaurateur nous suggère le veau et sa sauce tomate ainsi qu’un autre plat de porc, tout aussi excellent. Pour terminer en douceur, nous nous voyons offrir un digestif maison, une sorte de liqueur peu alcoolisée au géranium ainsi qu’une assiette de fruits coupés et petites mignardises. Le top !
Le soir venu, Kostis a prévu des grillades avec un couple d’amis. Comme le veut la tradition, nous nous attablons et garnissons notre pain pita de viande, de légumes et de salade. Une merveille !
Vient ensuite le moment tant attendu de la dégustation…
Notre coup de cœur
Le Paliokalias 2011 qui tient son nom de la parcelle, 100 % Xinomavro. Égrappage total. Fermentation avec les levures indigènes et macération en cuves inox. L’élevage est réalisé en fûts de 300 et 500 L sans aucun collage ni filtrage. Il offre une belle acidité et de délicieux arômes de pruneau.
Le saviez-vous ?
Le cépage roi de la région est le Xinomavro (xino = acide et mavro = noir), un raisin rouge aux caractéristiques surprenantes puisqu’il permet de produire aussi bien des rosés dynamiques, des vins pétillants très aromatiques ou encore des rouges de garde. Par ailleurs, le Xinomavro est le seul cépage à avoir résisté aux traversées transatlantiques lorsque tous les autres vins tournaient au vinaigre !
Contact
Dalamara Winery
31 G. Kyrtsi
59200 Naoussa
Tél. : +30 23320 28321
info@dalamara.gr / www.dalamara.gr
*Restaurant Oinomageiremata, Stefanou Dragoumi 1, Naousa 59 200
Un vigneron (bio) dynamique
Pour notre seconde visite vinique, nous nous rendons au domaine Thymiopoulos Vineyards situé dans le village de Trilofos, toujours dans l’appellation Naoussa, à son extrémité sud. Apostolos nous accueille chaleureusement et nous a même préparé de jolis classeurs de dégustation à notre nom ! Adorable !
Les vignes, plantées exclusivement de Xinomavro (vous vous souvenez ?) sont certifiées bio et cultivées en biodynamie. Également issu d’une famille de vignerons, Apostolos a commencé à produire du vin en 2003. Avec pas moins de 36 hectares, il emploie près de 15 personnes toute l’année et une trentaine en période de vendanges. Apostolos, qui parle très bien français, fait partie de la renaissance des appellations fondé par Nicolas Joly. Il propose une gamme de 8 vins différents (rosé, jeunes vignes, blanc et rouge). La majorité de sa production est destinée à l’export, majoritairement vers les États-Unis.
Notre coup de cœur
La cuvée Terre et ciel 2015, réalisée à partir des plus vieilles vignes du domaine (40 ans). Terroir composé de roches calcaires et de sols volcaniques. Vendange manuelle. Levures indigènes. Élevage en fûts de chêne durant 18 mois. Embouteillé sans filtration. Belle complexité aromatique mêlant les fruits noirs comme la mûre ou le pruneau.
Le saviez-vous ?
L’appellation Naoussa a été créée en 1972. La plupart des vignobles de Xinomavro se situent à une altitude comprise entre 150 et 470 mètres sur les versants du Mont Vermio (2052 m) ; Cette région viticole a fait de l’association Xinomavro-Naoussa, l’une des plus dynamiques et reconnues de Grèce en matière de vins rouges secs.
Après la dégustation, nous avons été conviés à partager un repas avec Apostolos (encore à l’heure du goûter). Salade de tomates et concombres frais, féta, haricots à la tomate…Nous sommes plus que rassasiés ! Avant de partir, Apostolos nous offre même une bouteille, il s’agit de sa cuvée Atma 2015, un assemblage de Malagousia et de Xinomavro ! Efkharisto !
Contact
Thymiopoulos Vineyards
PO Box 62
59100 Trilofos (Imathia)
Tél. : +30 6932064161