En Ukraine, les obstacles tu braveras !
Odessa, le 22 août 2018
Notre soirée fut particulièrement éprouvante. Après plusieurs heures de route depuis la capitale moldave, Chisinau, un passage en Transnistrie à Tiraspol puis à la frontière ukrainienne, nous voici enfin à Odessa. C’est d’ici que nous souhaitons prendre un ferry qui nous conduira à Batoumi, en Géorgie.
Sur une place à l’architecture baroque, je repère une rutilante Harley Davidson. Instinct de motards oblige, nous nous garons juste à côté de la monture. Au bout de quelques minutes, son propriétaire nous accoste. Il s’appelle Viktor et se propose de nous aider à trouver l’appartement que nous avons loué. Une fois devant ce dernier, nouvel obstacle : la moto ne rentre pas dans le passage qui conduit à la cour intérieure et notre hôte ne semble guère compréhensive. Viktor nous déconseille vivement de laisser notre moto dans la rue, même avec un antivol.
Sur ces états de faits, David et lui partent arpenter la ville à la recherche d’un parking sécurisé.
Tandis que je m’apprête à rentrer dans l’appartement, je trouve porte close. Notre hôte nous avait demandé dix minutes supplémentaires pour préparer le studio et voilà que je me retrouve à la rue ! Une demi-heure est bientôt passée lorsque la porte s’ouvre enfin !
Furieuse et épuisée par cette journée, je craque ! Notre hôte a visiblement tenté de nous joindre, mais pas sur le bon numéro…
Il est 21h45 lorsque David arrive enfin. Après 5 vaines tentatives, il a finalement opté pour le parking sous-terrain d’un centre commercial situé à 1 km où la moto sera bien gardée.
Le lendemain, après un repos bien mérité, nous décidons d’aller acheter nos billets de bateau.
Il est 11 heures du matin. Après une longue et périlleuse course d’orientation dans la ville, nous arrivons enfin, tous transpirants, devant le siège de la compagnie UkFerry.
Confiante, je décide de monter dans les bureaux où je trouverai certainement un guichet de vente de billets pour la traversée Odessa-Batoumi (Géorgie).
Première déconvenue, le réceptionniste me fait comprendre que ce n’est pas la bonne adresse et qu’il faut nous rendre ailleurs (la fameuse adresse que notre GPS ne trouve pas !).
Je rejoins David que la chaleur a presque fait fondre et nous essayons de nouveau de rentrer ladite adresse dans notre navigateur. Rien n’y fait. L’écriture est différente. La langue est différente. Bref, bienvenue en Ukraine ! Après quelques minutes et un brin d’agacement, voici qu’une jeune femme s’arrête devant la moto et nous demande, dans un anglais parfait, si nous avons besoin d’aide. Alléluia ! Un ange est descendu du ciel !
Anastasia me propose de retourner dans le bureau avec moi. Après quelques échanges en russe avec le réceptionniste, elle m’indique qu’il est possible d’acheter les billets sur place, mais que le départ ne se fera que dans…trois jours ! Petit détail que nous avions omis, le chargement d’un tel bateau nécessite pratiquement une journée entière et l’embarquement de la croisière à partir a déjà commencé. Qu’à cela ne tienne, nous décidons de partir sur la prochaine, soit le 26 août.
Un employé de bureau arrive à son tour devant le comptoir d’accueil. Il est midi passé et il semblerait qu’il veuille aller déjeuner. Anastasia finit par le convaincre de nous aider à faire la réservation quitte à repousser sa pause. Vingt minutes et quatre cents euros plus tard, je ressors avec un large sourire, la confirmation de réservation en main.
Détails du prix pour les futurs voyageurs à moto : 4350 UAH par personne et par moto soit 13050 UAH (environ 400€).
Nous quittons la ville pour trouver un endroit plus à l’écart où nous pourrons planter la tente.
Alors que nous roulons, David s’écrie soudain « oh non ! » Un insecte est rentré dans son casque et vient de le piquer sous l’œil. Il faut vite trouver un endroit où s’arrêter.
Force est de constater que les rues et les plages sont jonchées de détritus et qu’il est difficile de trouver un coin préservé des ravages de la consommation de masse. La route (dont j’ai arrêté de compter les nids de poule) nous conduit finalement à Zatoka, village balnéaire au bord de la mer noire où nous trouvons un camping plutôt « rustique ».
Des monticules de déchets sont entassés çà et là et l’odeur est des plus nauséabondes.
Question « sanitaires », on nous indique un trou derrière une porte en bois de fortune en guise de toilettes sèches (plutôt très humides) et un tuyau d’arrosage pour toute douche, bref, ici, on doit s’accommoder du strict minimum !
Entre temps, la piqûre de David a gonflé.
Après une nuit sous la tente, et malgré les conseils avisés d’un médecin présent dans le village, l’œil de David est complètement fermé. Le pauvre. Impossible d’envisager de piloter dans cet état. Nous demandons son aide au responsable du camping lequel nous conduit (au péril de nos vies tant sa conduite est dangereuse) au poste de secours le plus proche. Notre éclopé a droit à une jolie piqûre, médicamenteuse cette fois et dans la fesse, comme dans les films !
Il faudra attendre plusieurs heures afin de redécouvrir le deuxième œil de David ! Ouf ! Encore une belle aventure que celle-là !
Le jour du départ de notre bateau, nous sommes debout très tôt. Il ne faut pas être en retard. On nous a demandé de nous présenter à 11h à l’embarquement et nous avons une heure de route pour rejoindre le port de Chornomorsk.